Une dissertation sur La Peau de chagrin de Balzac






Sujet : 

Au sujet de La Peau de chagrin de Balzac, l’écrivain André Pieyre de Mandiargues écrit que “par l’effet du pacte ténébreux, Raphaël est déchu au rôle de victime”. Cette affirmation vous semble-t-elle correspondre à votre lecture de l’œuvre ?


Analyse du sujet :

par l’effet du : à cause du pacte.

pacte ténébreux : L’élément déclencheur de l’intrigue. Ce marché passé avec la Peau de chagrin que l’antiquaire lui a donnée.

déchu : Il est dégradé, abaissé, réduit à une déchéance. Malheureux. R. est encore plus misérable.

victime : ≠ coupable. Il n’aurait pas de responsabilité dans son malheur, dans sa chute morale.

Reformulation de la thèse : Le personnage principal n’est pas responsable des malheurs qui lui arrivent dans La Peau de chagrin. 

Proposition de problématique :

Est-ce que la peau de chagrin est la seule responsable des malheurs qui mènent Raphaël à sa perte ?


Plan détaillé :

I - ✅ [Raphaël = Victime]  Raphaël n’est pas coupable, il est la victime d’un piège diabolique et on ne peut l’en blâmer.

a. Raphaël est un pauvre jeune homme désespéré. 

  • La narration adopte très souvent son point de vue, surtout au début, lorsqu’il est en proie au désespoir. 
  • Il vit “dans un monde où [s]on existence est désormais impossible” (Scène du pacte). 

b. C’est un personnage manipulé par une force diabolique.

  • “Un éclat de rire parti de la bouche du petit vieillard, retentit dans les oreilles du jeune fou comme un bruissement de l'enfer”. Cela suggère que ce sont les forces du mal qui piègent Raphaël.

c. Raphaël n’est pas superstitieux au moment du pacte. Il ne découvrira que plus tard qu’il est pris au piège.

  • “Il vit que tout ce qu'il demandait, tout ce qu'il obtenait, tout ce qu'il possédait, lui coûtait une partie de sa vie” (2ᵉ partie).
  • “Comme un voyageur au milieu du désert, il avait un peu d’eau pour la soif et devait mesurer sa vie au nombre des gorgées. Il voyait ce que chaque désir devait lui coûter de jours” (2ᵉ partie).



II - ❌ [R. = Coupable] Raphaël est condamnable, car il a souhaité ce qui lui arrive. Il est responsable de sa malédiction.  

a. La logique du roman met Raphaël face à un choix. Or, il ne choisit pas la bonne option.

“L'énergie anime l'homme, elle est source, dit l’antiquaire, de création et de destruction”. 

“Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit”. Or la peau de chagrin, c'est “le pouvoir et le vouloir réunis”. 

Raphaël est “tout désir” (épilogue).

b. Le “vouloir” de Raphaël est égoïste.

Lorsque Euphrasie déclare “aime mieux mourir de plaisir que de maladie”, cela offre un effet de miroir avec les décisions de Raphaël. 

  • Raphaël : “je veux voir la Débauche en délire, rugissante, et dans son char tiré par quatre chevaux, dont l’ardeur nous entraîne par delà les bornes du monde et nous verse sur des plages inconnues…”

c. Ce qui condamne les débauchés, c’est leur manière de vivre. 

La peau de chagrin n’est qu’un symbole de ce qui dévore Raphaël, sa propre énergie destructrice. Le narrateur décrit ainsi “le réveil de la débauche, quand de ses mains fortes elle a pressé tous les fruits de la vie [...] Vous eussiez dit la Mort souriant au milieu d’une famille pestiférée”.


III - Donc 💡☝️[vrai coupable = humanité déchue qui crée une société impossible du bonheur par le désir] La Peau de chagrinpeut être lue comme une expérience sociale de jugement dont le destin du personnage principal n'est que le support.

a. Un regard réaliste sur une nature humaine “ténébreuse”.

  • “Ce banquier splendide, entouré de courtisanes fanées, de visages rassasiés, cette agonie de la joie, était une vivante image de sa vie.”
  • “Auras-tu loge aux Bouffons ? – J’espère que vous nous régalerez tous, dit Bixiou.”


b. Par effet de contraste Balzac fait se côtoyer la misère et l’abondance.

  • “il pensait vaguement à l’existence mécanique et sans désirs d’un paysan de Bretagne”.


c. Une nature humaine coupable d’être superficielle.

« Oh ! Foedora, vous la rencontrerez. Elle était hier aux Bouffons, elle ira ce soir à l'Opéra, elle est partout, c'est, si vous voulez, la Société ».









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