Neuf citations commentées pour une dissertation sur Le Malade imaginaire


Voici un répertoire de neuf citations constitué pour aider les élèves de lycée qui préparent leur dissertation du bac de français sur Le Malade imaginaire de MolièreIl a été particulièrement conçu pour aider les élèves de 1ʳᵉ Générale qui sont invités à lire cette œuvre selon le parcours associé  « Spectacle et comédie ».

Bon, je triche un peu sur le nombre de citations en mettant parfois d'autres passages de la pièce dans les commentaires des citations. Mais cela fait plus d'illustrations à retenir pour élaborer une bonne dissertation. 

Mais faire une dissertation n'est pas si simple ! Il faut en connaitre la méthode : Pour cela, consultez mon Canevas de Dissertation : un outil pour visualiser simplement les étapes d'une bonne dissertation.


⇾ Argan est excessif et tyrannique avec son entourage, comme le montre les insultes qu’il profère, les onomatopées, les hyperboles : “Toinette. [...] Carogne, à tous les diables. Est-il possible qu'on laisse comme cela un pauvre malade tout seul ! [...] Drelin, drelin, drelin. Ah ! Mon Dieu, ils me laisseront ici mourir.” (Argan, acte I, scène 1). Son attitude obsessionnelle et excentrique, faite de répétitions et d'emportements, contribue à donner à la pièce un rythme soutenu et assure des effets comiques variés. 


⇾Le MI emploie parfois le comique de mot, notamment à partir des noms des personnages :  “Ma foi, je ne me mêle point de ces affaires-là ; c’est à Monsieur Fleurant à y mettre le nez, puisqu’il en a le profit” (Toinette, I,2). Ici, la satire de la cupidité des hommes de la médecine est rendue drôle par un jeu de mot entre le nom de l'apothicaire ("Fleurant" peut être lu comme le participe présent du verbe "fleurer" qui signifie "sentir"). De plus, il y a un autre double sens dans cette phrase puisque le mot "affaire", désignant les maladies, peut désigner aussi un commerce, c'est-à-dire une activité rémunératrice.


⇾ Le comique de mot est subtile quand Béralde dit à Monsieur Fleurant : “On voit bien que vous n’êtes pas accoutumé à parler à des visages” (III, 4). La raillerie met l'accent sur le peu d'habileté de monsieur Fleurant dans la conversation en sous-entendant qu'il a l'habitude de s'adresser au bas du corps de ses patients.


⇾ La pièce fait un usage généreux du comique de répétition : “Le Poumon.” puis “Ignorant.” (III,10)  sont des répliques courtes répétées à la suite (autrement dit des stichomythies) par Toinette quand elle joue le médecin. Cette figure d'insistance suggère que les diagnostics des médecins sont mécaniques et répétitifs, mais révèle aussi la sotte naïveté d'Argan, surtout quand le diagnostic semble n'avoir rien à voir avec le symptôme ("ARGAN - Il me semble parfois que j'ai un voile devant les yeux. TOINETTE - Le poumon.")


⇾ Dans Le Malade imaginaire, le rire ne sert pas seulement à divertir le spectateur, il l'invite à raisonner et à repérer des absurdités et des injustices parmi les usages (les mœurs) de son temps. Par exemple,​ quand Argan révèle à sa fille qu'il a décidé de la marier à un futur médecin et que Toinette s'y oppose, les raisonnements de la servante contre la tyrannie paternelle sont à la fois comiques et convaincants : "Mais votre fille doit épouser un mari pour elle, et, n’étant point malade, il n’est pas nécessaire de lui donner un médecin” (I,5). Cela prouve que la logique et le rire vont ensemble. Le rire permet de penser et de révéler la vérité.  


⇾ Le spectacle sait aussi se montrer touchant. Il délaisse momentanément la portée comique de la pièce pour servir le propos moral. "Les anciens, Monsieur, sont les anciens, et nous sommes les gens de maintenant ; [...] et quand un mariage nous plaît, nous savons fort bien y aller, sans qu'on nous y traîne.” (II, 6). La démonstration d'Angélique repose sur une tautologie (qui peut prêter à rire, car elle révèle l'idiotie de son interlocuteur) et sur une affirmation à la fois touchante et vigoureuse, qui peut toucher le cœur et l'esprit du spectateur, d'autant qu'elle provient de l'intéressée elle-même : celle que l'on force à se marier.


⇾  Le MI n’est pas seulement une comédie joyeuse et divertissante : “La dernière pièce de Molière commence donc dans les teintes d’une journée finissante ; c’est une comédie crépusculaire, teintée d’amertume et de mélancolie.” (Claude Stratz, Metteur en scène, 2001)


⇾ C’est une comédie dont le personnage principal est très complexe. Il peut être interprété de bien des façons : “La pièce a suscité les interprétations les plus contradictoires : on a joué Argan malade, on l’a joué resplendissant de santé, on l’a joué tyrannique, on l’a joué victime, on l’a joué comique, on l’a joué dramatique.” (Claude Stratz, metteur en scène, 2001)


Le Malade imaginaire est aussi une pièce sur l’angoisse de la mort. Elle tend même à amener ses personnages et ses spectateurs à l’acceptation de celle-ci. Lors de sa course-poursuite burlesque avec Toinette, c'est d'abord l'idée de la mort qui l'arrête : “ARGAN se jette dans sa chaise, [...] las de courir après elle.— Ah ! ah ! je n'en puis plus. Voilà pour me faire mourir.” (I,5). Mais la mort est aussi simulée par les personnages sur la scène, notamment par Louison, qui dit à Argan : “Ah ! mon papa, vous m’avez blessée. Attendez : je suis morte.” (II, 8).  En fait, l’idée de la mort est constamment répétée, jouée dans l’œuvre. André Gide observe à ce sujet que : “c’est avec elle [la mort] que tout se joue ; l’on se joue d’elle ; on la fait entrer dans la danse ; [...] on la sent qui rôde ; on la brave et on la bafoue ; jusqu’à celle de Molière lui-même qui vient, en fin de compte, parachever cette farce tragique.” (André Gide, Journal, le 2 juillet 1941). À l'acte III, Argan lui-même fait semblant d'être mort pour que l'hypocrisie de Béline et l'amour filial d'Angélique lui apparaissent. Mais il manifeste tout de même une hésitation, lorsque Toinette imagine ce subterfuge. Il lui demande en effet : N’y a-t-il point quelque danger à contrefaire le mort ?” (III, 11). Une réflexion philosophique se joue dans le spectacle de la peur de la maladie et dans l'angoisse de la mort. C'est sans doute une manière d'apprendre à mourir que Molière recherche ici à travers ses personnages, poursuivant son enquête à la fois comique et sérieuse sur la condition humaine. 




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